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Porc au Barbecue vinaigré (ou comment j’ai appris les bases de la fabrication des tissus)


La flamme embrase le bout de fil que je tiens ferme entre mon pouce et mon index et mon nez frémit. Ça sent bien le cochon grillé. Verdict : fil de soie. Je prends un autre échantillon, la flamme court rapidement et un effluve de vinaigre s’échappe. Je tente la viscose.


Il est 10h30 dans la salle à l’Institut Français de la Mode à Paris. Pour la première fois de ma vie étudiante, un examen exige que je me présente avec un briquet… Nous sommes une vingtaine à embraser consciencieusement les échantillons de tissus soigneusement préparés pour notre évaluation. Matière première, type de fils, contexture, tissage, poids, ennoblissement, nous devons décortiquer ces tissus à la loupe d’un compte-fils, au toucher et à la flamme. Nous sommes tellement consciencieux qu’on n’arrive bientôt plus à distinguer l’odeur du barbecue de celle de sauce salade. Heureusement, reconnaître les caractéristiques d’une matière tient plutôt selon moi du regard et du toucher que de la flambée !

En amont de cette scène lunaire, c’est en suivant le cours de connaissances des textiles à l’Institut que je me suis rendue compte que je ne savais que peu de choses des matières que j’utilisais. Certes mes quelques années de couture m’ont permis de développer un œil, une sensibilité (qui m’a indubitablement aidée pour réussir mon examen !), mais elles ne m’ont en aucun cas révélé le bon vocabulaire ni les nombreuses étapes nécessaires à la fabrication des tissus. Encore moins l’impact environnemental de chacune…


Au départ il y a une matière première, transformée en fil, puis un tissage ou un tricotage, une teinture, une impression, peut-être une finition particulière… autant de passages obligés avant que les tissus arrivent sous les pieds de biche d’une machine à coudre. Aujourd’hui ces étapes sont réalisées aux quatre coins de la planète. Il n’est pas impossible pour une popeline de coton de passer d’un champ en Inde à une filature en Chine, séjourner en Italie le temps d’un tissage pour finir imprimé en France (et être donc considérée comme « Made in France » !). Autant dire que remonter le fil complet de la fabrication des tissus s’avère tâche délicate, voire vaine.


La traçabilité est encore très difficile à obtenir lorsque l’on cherche à éditer des tissus et fabriquer des vêtements. Sans compter que chaque matière a ses avantages et ses inconvénients pour la planète, et que rien n’est noir ou blanc ! Pour être vraiment éco-responsable, il faudrait ne produire que quelques mètres de lin ou de chanvre juste à côté de chez soi. Voire, ce serait encore moins polluant, ne rien produire du tout. Et comme je refuse de croire que se balader en toge informe ou en tenue d’Ève dans la forêt soit la solution… l’alternative se situe pour moi dans des choix, faits par étapes, pour produire de meilleures matières que la majorité de ce qui existe aujourd’hui.


Une des premières décisions que j’aie prises a été de me concentrer sur trois types de fil dans mes recherches : le coton bio, le tencel et le lin. Ce parti pris mérite quelques explications, à venir dans ce blog. Matière par matière, je vous exposerai comment je construis la palette d’Artwist !

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